samedi 21 mars 2015

Lullaby

Alors que depuis la Terre, la conquête de Mars bat son plein, les Zorg (nom temporaire), étaient occupés à un projet d'une bien plus grande envergure.

Alice était une des humaines enlevées pour l'accomplissement de ce projet. Son nom était passé quelques secondes au journal télévisé, entre une publicité et un nouveau rebondissement sur les affaires de cœur du Président français.

Depuis le vaisseau, elle était hypnotisée par la forme de petite boule bleue de la Terre vue de l'espace et essayait d'identifier l'endroit où pouvait être sa maison.
"Là", lui indiqua Zorgus qui s'était approchée d'elle. Et soudain, depuis les milliers de kilomètres d'où elle se trouvait, elle distingua clairement sa maison, sa chambre et même ses parents, alarmés, au téléphone.




Le Diable est le prince de ce monde.

Nous regorgeons de connaissances et pourtant, nous manquons de savoir.
A la recherche d'un secret auquel nous vouerions un culte, une formule magique qui nous permettrait d'être heureux et puissants dans ce monde..
Si cette formule existe, les initiés prennent soin de la tenir inaccessible.

Les autres, nous autres, ne peuvons jamais nous retrouver avec nous-mêmes, baignés et prisonniers de conflits qui nous dépassent.
Nous attendons quelque chose, nous avons l'espoir inconditionnel de quelque chose.
Verrons nous la fin du monde? Assistera-t-on à la bataille finale des forces en présence? L'apocalypse? L'Antéchrist? Une catastrophe écologique, une météorite?
Vivrons nous le renversement des pouvoirs et des valeurs ?
Alors que nous manquons de ce pur savoir, comment prendre parti ?

Le Diable est le Prince de ce monde. Lucifer, le porteur de lumière, qui s'est distingué comme symbole de révolte contre la lumière divine.
Et nous, les hommes, représentons la dispersions de cette lumière.
"Tu es poussière et tu retourneras poussière" est-il écrit dans la Genèse. Poussières d'étoile dit Hubert Reeves. Nous sommes des éclats de lumière, avec chacun sa vibration pourrait ajouter la théorie des ncordes.
Grâce à la connaissance, nous avons transcendé la lutte entre lumière céleste et lumière luciférienne pour mieux créer et jouer avec les deux.
Dansons et vibrons comme nous pouvons avec la poussière particulière qui nous a été donnée.

Il est écrit dans les textes sacrés que tout ce qui est a été voulu par Dieu.

Peut être Dieu veut-il se divertir.

"Alors, que choisirais tu entre revenir dans ton passé et devenir immortelle?"
Alex pris le temps de ressentir la vibration de chaque mot avec délice.
Ils avaient réussi, ils avaient trouvé la formule.

Sam la regardait en souriant, la tête appuyée sur sa main. Le vieil homme qui avait passé sa vie dans son laboratoire, en sachant pertinemment qu'il ne sera pas celui qui bénéficierait du résultat de ses recherches, était serein.

Alex était arrivée à sa quarante cinquième année. Elle était prise d'un léger frisson qui lui restait des tremblements de l'adolescence dans ses moments d'émotions, de peur ou de joie.

Elle fixait la machine en face d'elle, les branchements effectués avec la formule mathématique en mémoire, le choix qui s'offrait à elle, et pour la première fois de sa vie, elle se sentait puissante autant qu'elle frissonnait face à l'inconnu.
Sera-t-elle à la hauteur?  Quelle option choisir?

Elle repassait le film de ses souvenirs dans sa tête. Les centaines et milliers de moments où elle endurait les situations en grinçant des dents, en se disant qu'un jour, quand elle pourrait, elle changerait les choses.

"Je veux retourner dans mon passé", dit-elle.

Sam acquiesça de la tête. "Comment te sens tu?"

Elle était nerveuse, presque fiévreuse, mais si fatiguée qu'elle paraissait calme. Son teint était pale et ses yeux sombres creusés.

Elle, Alex, petite scientifique un peu maigre qui avait dédié sa vie à la recherche, allait pouvoir changer le cours du passé, le sien et qui sait, sans doute celui d'autres personnes.

Le jour de son anniversaire, alors qu'elle était prise d'un de ses vagues à l'âme qui la rendait un peu mélancolique, une amie de Sham, versée dans la psychanalyse et l'anthropologie des mythes lui avait raconté une histoire.
"Savais-tu qu'Odin, le dieu Viking, s'était pendu par le pied pendant 9 jours pour s'ouvrir à la sagesse?
Tu vois, Alex, la recherche, c'est un peu ça, vous vous pendez par le pied dans une position inconfortable pour, au bout du compte, arriver à des révélations de sagesse." Il était assez rare qu'une personne prononce des mots aussi réconfortants et sages à la fois pour qu'Alex soit marquée par cette image.
Les soirs suivants, elle fit souvent ce rêve : des petits diables en caleçon rouge moulant leur appareil génital dansaient autour d'elle en ricanant :"le pendu, le pendu, le pendu, le pendu,..."
Puis tout devenait flou, et elle n entendait plus que les mots qui dansaient dans sa tête en variant peu à peu leur saccades.

Le pendu, le pendu, le pen-du-lepen, dule-pendu-lepen, dule, pendule....
Tic-tac, tic-tac, tic-tac.

Je vais remonter le temps.

Alex était maintenant dans la chambre à coucher de Joan. Elle avait mieux su le séduire cette fois, avait excellé aux examens (elle avait retrouvé ses vieux sujets dans des cartons), avait su l'enjôler, lui parler comme il aimait, avec suavité et détachement à la fois.
Et ils étaient là, comblés. Elle était debout le dos à la fenêtre et l'observait avec intérêt, les yeux légèrement plissés.
Le soleil éclairait la chambre blanche et beige arrangée avec sobriété.
Joan se rhabillait dans une précipitation enthousiaste.

Alex attendait la suite.

"Je dois me dépêcher et préparer mes affaires pour ce soir", expliquait-il dans l'effervescence. Il savait qu'il allait toucher un point sensible mais ne pouvait s'empêcher de faire ce type de déclaration avec la bouffissure de la désinvolture mondaine qui lui était propre.

"Ah, pourquoi?" répondit-elle avec le même ton en entendant déjà intérieurement à la réponse.

"Je suis invité par Heloïse, elle organise une réception pour son diplôme, ça tombe le même jour que Pourrim, du coup elle fête les deux en même temps", concentré sur la boucle de sa ceinture, avec un sourire de satisfaction.

Alex ne sourcilla pas.

Lentement, elle se tourna vers la fenêtre et porta son regard sur les toits des bâtiments aux alentours éclairés par la douce lumière du soleil printanier. Elle ne ressentait plus la jalousie primitive. Même jeune, elle n'avait vite plus rien ressenti du tout.
Elle avait remonté le temps et malgré ses efforts, l'histoire se répétait.

Dans le ciel, les vibrations de la lumière se décomposaient peu à peu en différents séquences de variations entre le rose, le jaune et le bleu de plus en plus fines. Alex concentrait son attention sur ces vibrations, puis distingua des chiffres qui composaient les couleurs, la formule mathématique.

L'échec était consommé avec l'amour.
Était-ce de la tristesse ?

Alors qu'elle se posait la question, l'environnement changeât et elle se retrouva dans l'appartement parisien de ses parents alors qu'elle avait trois ans.

Il faisait noir et gris. Dans la pénombre, elle distinguait des formes de masques d'horreur chinois, les sourcils froncés, les yeux exorbités et des bouches démesurément ouvertes et menaçantes.

Elle sentit le frisson tristement habituel de ce temps-là.

Je ne veux pas aller là-dedans pensa-t-elle. Et tout devint flou à nouveau alors qu'elle se sentait happée.

Ca faisait bizarre de traverser l'espace et le temps en n'étant lié par rien.

Elle se retrouvait de nouveau dans la chambre de Joan mais Joan avait disparu. Toujours concentrée sur les chiffres minuscules dans les halos de lumière, elle essayait de les atteindre sans succès. Plus elle se concentrait pour atteindre la lumière et les chiffres, plus tout se distordait.

Elle sentit une main sur son épaule, c'était Sam.

"Que se passe-t-il ?"

"Alex, tu dois reprendre tes esprits, vite, sinon tu vas définitivement te perdre".

"Quoi ? De quoi tu parles ? Je viens à peine de commencer à voyager !"

"Tu n'y arrives pas, je veux dire, tu n'y arrives pas bien. Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Choisis une époque et un lieu et restes y pendant que j'essaie de régler le problème."

"Punaise, mais....!!!" criait Alex. Mais Sam avait disparu.

Envahie par la colère, elle écoutait les voies sourdes dans sa tête : "Le pendulepen du..." Ah, mais quand est-ce que ça s'arrêtera ! C'est injuste, injuste....
Puis une autre voix sourde : Non, je ne veux pas échouer, encore, éternellement.
Je veux, je veux, je veux... JE VEUX, JE VEUX JE VEUX.

Londres, 2012. Alex est dans son corps de 26 ans au milieu de la circulation. Autour d'elle, la foule et les bruits des voitures. Elle grinçât des dents. Se calmer, il faut d'abord se calmer. Je ne sais ni ce que je fais là ni combien de temps j'y suis coincée. Je ne sais pas où dormir, comment vivre, rien.
Bordel, je suis une scientifique, j'ai bossé toute ma vie. Pourquoi est-ce que rien ne marche jamais??
La bruine l'aidât à débloquer quelques larmes de rage qu'elle avait pris l'habitude de refouler.

Elle se retrouva dans un coffee shop au milieu de la ville, c'était la période de Noël et tout Oxford Street était éclairé de lanternes rouges et blanches attachées entre les bâtiments de la grande rue.
Dans le café, comme dans la plupart des endroits de la ville à cette période cette année, passait la musique de la bande annonce de Bridget Jones. Pourquoi les anglais associent ils cette période de l'année à Bridget Jones, allez savoir, hormis que la première scène du film se déroule à Noël...
Alex s'assit dans un coin et se fit la plus petite possible. Elle se concentra, chercha une idée. La lumière bougeait toujours autour d'elle et elle distinguait les vibrations infinitésimales mais les chiffres avaient disparu.
Je suis en 2012 dans un corps d'une jeune fille de moins de 30 ans, avec un savoir plus important que n'importe qui autour de moi dans ce café n'en accumulera jamais, avec des concepts de technologie relevant de la science-fiction dans cette époque. Je suis forte, je suis très forte, je suis la plus forte. Je peux tout faire. Personne n'a su le voir mais moi je le sais. Vous allez voir ce que je vais faire ici sans rien ni personne.
La colère se transforma en rage, la rage se concentra dans son cerveau sur les souvenirs du labo et les longues soirées d'étude.

En 2012, ils ne savent pas encore que la connaissance doit être partagée. Ici et maintenant ils sont attachés aux droits d'auteur. Chaque personne couve jalousement son idée, ils ont sorti le film "The social network" sur la question tant ils se protègent pour mieux se voler.
Moi je sais que notre espèce n'évoluera que lorsque la connaissance sera un concept universel à la portée de tous. Ce tournant a eu lieu 5 ans avant le voyage d'Alex et ce changement juridique de taille avait mis à l'époque tous les avocats et artistes dans la rue. Ce fut à partir de là que les avancées technologiques prirent un essor sans pareil et qu'Alex avait repris espoir d'arriver à trouver la formule. Elle avait pu bénéficier d'aides inespérées de la part d'érudits tenus jusqu'alors au secret.

Changerai je le cours de cette avancée en la projetant en 2012 ? Même si je voulais le faire, à qui parler ici ?

Alors que ces questions passaient dans sa tête, elle se laissait bercer par la musique et le brouhaha de la foule affairée. Presque tous étaient chargés de gros sacs laissant deviner des cadeaux de Noël à n'en plus finir et les quelques mots distincts qui ressortaient de la cohue générale avaient traits à des cadeaux restant à faire, des idées de repas et de préparatifs.
Comme toujours dans ce genre de moment, Alex s'imaginait l'une de ces personnes prise dans le tumulte de la vie battante et faisant partie d'un foyer chaleureux. Plus elle rêvassait, plus ses yeux fatigués se fermaient par ses paupières lourdes. Les sons s'éloignaient, elle ne sentait plus que la chaleur de la foule comme une sorte de cocon.
Comme dans un écho, elle entendit son prénom au loin. "Alex... Aaaaaaalex...". Dans ses yeux mi clos, sa vue se troubla et elle crut qu'elle allait encore changer d'époque et de lieu mais ce ne fut pas le cas.
Elle continuait seulement de tendre l'oreille vers ce qui ressemblait à la voix de Sam appeler "Alexxx... Réveille toi Alex, c'est le monde réel ici, réveille toi... !". Sa respiration devint de plus en plus difficile et elle sombrait dans un état semi comateux, jusqu'à suffoquer.
Soudain, un bruit tout proche la ramena en une fraction de seconde à la réalité. Elle ouvrit grand les yeux et inspira par la bouche comme quelqu'un qui avait tout juste manqué de se noyer.
"Miss, hey miss, can I sit over there ?"
Alex resta abasourdie une seconde avant de reprendre complètement ses esprits et de répondre, avec un sourire aimable un peu embarrassé "Oh, yes, of course !".

Il fallait trouver une idée, une idée de génie. I am totaly loosing it, pensa-t-elle.

Alors qu'elle essayait de se remémorer l'adresse du centre scientifique de Londres, l'homme assis en face d'elle l'observait et finit par lui dire : "Excuse me, I don't mind to disturb or interrupt anything, but can I ask you a question ?"
"Yes, what is it ?" répondit-elle en écarquillant les yeux,
"First, let me introduce myself. My name is Tom, Tom Walker, and I work in the movie business industry. Did you know that you have a very interesting face ?"
Oh God. Manquait plus que ça. De l'embobinage ou de la mauvaise drague, au choix. Que répondre pour le renvoyer poliment ? En même temps, que perdrais-je à parler avec lui ? Je ne suis même pas en position de retourner à une autre occupation étant donné que je suis seule ici sans aucun plan précis.

On lui avait déjà dit.
Alex était une jeune fille qui aurait pu être belle mais bizarrement, on aurait pu croire que quelque chose en elle la retint et l'empêchât de l'être complètement par pudeur.
Elle était petite, malingre, et le contour ainsi que les traits de son visage manquaient de définition claire. Tout était petit : son crâne, sa tête, ses mains et ses membres.
Les yeux, très grands par rapport au reste, le nez droit et conquérant et la bouche aussi pulpeuse que petite ressortaient comme des affirmations d'intelligence assoiffée de connaissances et de désirs mêlés. Elle avait l'air de dire : "hé je suis là ! Je suis peut être toute petite, peut être que je ne paye pas de mine mais j'en ai à revendre! ". Avec ses cheveux toujours indisciplinés, elle avait souvent l'air d'une petite tigresse ou d'un sphinx dans ses moments de réflexion. C'était de beaux traits, un peu gâchés par la longueur de son visage un peu long. Quand elle observait les visages des belles femmes autour d'elle qu'elle s'amusait petite à dessiner, ils lui semblaient à chaque fois dominateurs et puissants et elle avait du mal à s'imaginer ces grandes femmes aux grands visages et aux pommettes saillantes vulnérables ou tristes. 
Ça n'avait pas changé depuis. 
En se cloisonnant dans son labo, elle croisait de toutes façons de moins en moins de visages différents qui auraient pu l'amener à vérifier ou non ses premières intuitions.

Dire que bientôt, quand tout sera arrangé, je pourrai voir tous les nombres qui composent les visages et les corps, pensa-t-elle. J'aurai cassé le code et transcendé la matière. C'est une question de temps, justement, tout va s'arranger.
Je pourrai peut-être même changer de forme.

"Hem, I don't know what to say... thanks."

"What do you do for a living ?" demanda Tom

"I am a scientist", répondit Alex avec fierté. Puis elle se reprit, "Well... Actually, I am going through kind of a bad path... So, to go straight to the point, I am looking for a job."

Voilà, c'était lancé.

"I have an appointment with a producer for his next project. You are welcome to come with me, and if the role suits you, you will have to register in an acting school".

Of course I will, pensa Alex avec cynisme.

Tom appelait le producteur pour le prévenir qu’il ne viendrait pas seul. Alex fit la connaissance de Garen, qui les reçut dans son bureau situé à Mayfair. Ils y allèrent en taxi, ce qui arrangeait Alex qui n’avait pas en tête le code de la carte de crédit qu’elle utilisait cette année.

Je dois passer pour une nana paumée, ils vont me faire perdre mon temps et je vais encore tout foirer. A chaque fois c’est la spirale infernale avec les gens, je ne peux les comprendre qu’à travers les chiffres moi, les gens. Sinon je capte rien, pas un seul broc.

Elle pouvait se permettre de grogrogner dans son coin, de toutes façons ils étaient concentrés dans leurs discussions. Toute son attention à elle était pourtant concentrée sur eux. Elle fronçât un peu les sourcils… mais oui, elle recommençait bien à distinguer les chiffres qui composaient la lumière.  Ok, je peux partir maintenant si je veux, Sam doit avoir réussi à corriger le problème. Elle se concentra. Je voudrais aller…. Dans le futur, tiens, loin, quand on sera enfin tous des cyborgs et que je n’aurai plus à me prendre la tête avec cette satanée humanité qui n’en finit pas de me fatiguer. Mais ça ne marchait pas, elle était toujours là. C’est inhabituel ça. Pas logique, pas logique du tout. Si je vois les nombres qui composent la lumière, je suis sensée pouvoir me projeter où je veux. Mais rien.

Son esprit était bloqué ici.

Les deux hommes avaient fini de parlementer.

Tom se tourna vers Alex qui lui présentait une mine déconfite. Elle n’avait jamais été très douée pour cacher ses émotions.

Il sourit, amusé.

Et voilà, je vais encore être prise pour une ado.

« Are you alright ? »

« Yeah yeah, just a bit hungry, maybe I shall let you discuss your project and grab something to eat. »
« Oh, yes no worries, just to let you know, we would like to make you an offer if that is okay with you ».

« What is it ? »

« The project is a short movie about a dancer’s life, I will send you the script and all the details of the role in a few days, can you write down your details for me please ? »

Oups.

« Can I ask something first ? Where is the acting school ? »

« Just next to Mayfair tube station. It is also a pensionnate. The name is… and it is located … »

« Ok thanks. Do you have a pen and a sheet of paper ? »

Elle lui donna l’adresse mail dont elle réussi miraculeusement à se souvenir (elle changeait moins souvent d’adresse mail que de code de carte bancaire) en espérant qu’elle marche.

«It was nice meeting you, have a nice treat and hopefully we see you soon  » lui asséna Garen avec un large sourire et en lui serrant la main.

Elle prit rapidement congé. Si elle avait pu, elle aurait tapé dans des paos. Elle haïssait déjà ces mecs. Et accessoirement, elle tremblait de tout son corps.

Elle serrait dans sa main le désaxeur de particules comme un poids mort.

Il faisait froid dans cette ville, presqu'autant qu'à Paris, avec plus de vent. Les gens étaient souriants et chaleureux, puis inaccessibles. Ils ressemblaient à une sorte de carte postale de ville agitée. Alex pouvait s'abîmer à les observer des heures sous la pluie, avec leur parapluie cassé, leur couches de manteaux, bonnets, bottes, et, le soir, comme par magie, toutes les filles presque totalement dévêtues.

L'école de danse ressemblait à une sorte de Poudlard.

Il pleuvait à torrent.

La pluie criait :

O Saint Uriel, Ange de la lumière, vous qui vous tenez auprès du trône de Dieu. 

Envoyez - moi la lumière d'en haut pour m'éclairer et éclairer les mains de 
l'obscurité qui m'environne, les ténèbres veulent m'envelopper et veulent notre
destruction. 
O Saint Uriel, vous vous tenez la clef de l'Apocalypse ne laissez pas l'Apocalypse 
se réaliser, mais par l'épée que vous avez à la main qui défend l'entée du paradis. 
Défends ma maison, les lieux où je réside, travaille, fréquente. 

Tous les lieux que je fréquente afin de renverser toutes les embuches et les
entraves. Tous les complots de ceux qui me veulent du mal. 
O Saint Uriel, unissez vous à la très Saint Trinité et joignez vous à Saint Michel 
et à Saint Gabriel formant aussi Trois comme le Père, le Fils et Saint Esprit, pour
me rendre justice devant mes Ennemis. 
Saint Uriel, je vous demande cette grâce, j'attends avec patience votre réponse
qui ne tardera pas, car votre grâce est la gloire du très haut.

Il faisait sombre, les gouttes scintillaient et coulaient sur ses joues. D'en haut, Belzebuth l'observait, souriant. Rien n'est plus beau que la rage, c'est la plus belle forme d'amour qui existe, non ?

Tu leur fais tous rater leur vie, lui répondit Dieu. Toi et ton maudit Temps.

"Maudit, maudit... plains-toi, regarde tout ce qu'ils font en ton nom, grâce à moi ! Rien n'existerait sans moi. Je suis, j'existe parce que tu l'as voulu, tu sais bien que tu m'aimes plus que tout.
Un jour, je finirai bien par te le faire avouer." finit il avec un rictus.


Alex ferma les yeux et se concentra sur son inspiration et son expiration, comme elle a appris au labo, à son entraînement.

Elle comptait : une inspiration, puis une autre, plus profonde... lorsqu'elle sentit une présence juste en face d'elle. Elle ouvrit les yeux.
Debout, juste devant elle, se tenait Scarlett Johannson dans le rôle de Lucy. Elle avait les cheveux un peu ébouriffés, une petite cicatrice sur la lèvre inférieure et elle la dévisageait avec sa bouche, son nez, son front et ses yeux verts. Elle avait cet air sérieux caractéristique de celle qui semble connaître tout ce qui est caché.

"What are you doing here ?" demanda Alex

"You are right, you know everything and you succeeded, you transcended knowledge."

"What are you talking about? And what are you exactly, am I dreaming ?" Alex s'étonnait de poser la question car elle n'avait jamais réussi à avoir assez conscience qu'elle rêvait lorsqu'elle dormait. 

"I am not a dream, I am not a projection of your subconscient either, I am Lucy, a hologram of Scarlett talking to you right now. You succeeded, you transcended space and time, you also now have access to any being you want to communicate with. I am here to tell you that."

"But they all made fun of Lucy and Luc Besson !" s'écria Alex, énervée.

"It is so easy to make fun of Luc Besson..."

Et Lucy / Scarlett disparut.

Alex se concentra et se posa la question : avec qui voudrais je communiquer ?

Dans un sourire, elle appela à elle Obama et lui demanda s'il existait réellement des extra terrestres avec lesquels les USA dealaient leur superpuissance.
Alexandre Astier l'observait du coin de l'oeil dans un coin de la pièce, amusé.

Obama lui répondit qu'elle n'avait qu'à leur demander directement à eux.

"To whom ?"

"The aliens."

Et il disparut, laissant place à un vortex d'énergie qui concentrait des couleurs intenses et déformait la matière autour de lui.

Et qui parlait sa langue.

"Pas de compromis, n'est-ce pas ? C'est ce qui t'a rendue folle et c'est aussi ce qui t'a poussé à réaliser des choses que ton entourage n'aurait même pas osé rêver. Aujourd'hui, tu cherches la paix avec les autres, avec le passé, mais tu ères dans l'espace-temps dans l'espoir de tout réparer. Tu as joué au monkey avec les monkeys, dans l'illusion de te retrouver. 

"Mais pourquoi..." l'alien la coupa.

"Alex, les humains sont capables d'être épanouis et heureux depuis longtemps déjà.
S'ils osaient lâcher prise, ils nous rejoindraient sans peine. Pour l'heure, ils se contentent parfois d'en rêver sans trop y croire, ils sont tiraillés, les humains, ils sont hésitants." 
"Ca fait parfois leur charme" ajouta-t-il avec un sourire amusé, "mais trop souvent leur perte. La frustration, le jeu des relations avec leurs rapports de forces, les égo, ça les rassure, ils se persuadent que c'est leur unique moteur et surtout la seule voie possible."

Alex grogrognait. Quelle arrogance, celui-là. Tout ça pour ça.

"Alex, il existe un endroit dans l'espace-temps avec un mode de vie et un entourage à l'image de tes espérances. Non, je ne parle pas du Paradis, ça c'est encore une autre histoire, on en parlera une prochaine fois. Je te parle de continuer ta progression, sortir d'ici." 

Ca faisait maintenant presque deux ans qu'elle passait son temps entre les cours de danse et le tournage d'une série, elle commençait à se sentir bien, là, comme ça.. L'alien la fixait en suivant scrupuleusement ses pensées et finit, très fort pour regagner son attention : "reprendre tes recherches et dépasser le monde du connu.
Veux tu y aller ?"

"Where??" s'écria Alex.

"Par rapport à tes repères, c'est bien évidemment au bout du monde."

WELLINGTON, NOUVELLE ZELANDE




LUCY-DI-TY

Alex took a deep breath. For the first Time of her life, she felt new feelings.
In the past, she was used to feel almost only despise and exhaustion. Now, as she was looking at the sea in front of her, all the treasures offered at her feet as a blowing explosion of colours exceeding her imagination, she was overwhelmed with compassion. Toward herself and the world.

Was it the lesson she had to learn? She felt she already went through this.
Like a bitter taste of humiliation came in the mouth of her memory.

And as a sudden, an air came to her mind
"Everybody wants to rule the world..."

Eeeerk. Really? Pop music. The only thing we hear everywhere while buying stuff, food, clothes, or having a drink in a bar, a meal in a restaurant.
Pop music was everywhere in our "grown-up civilised world".

Yet, she loved Lordes. New Zealand young genius, full of original ideas, as simple as she raises a lucid vue on our condition.

But like Lady gaga, Britney Spears, Christopher Nolan, Sam Mendes, etc
In all trendy musics and movies, the alliance of commercial industry and emotion always ends up into pathetic neurosis apology.
The alternative being a sweet pink world of sugar and dolls.

Why? She wondered, why are we doomed to be slave of this situation? : something doesn't work, we whine about it and never repair anything? Are we that despaired and devoid of resources?

Compassion we said.
Furnace of those melting emotions feels so far away from her now. For sure she felt a bit cold.

Her thought flied to all the people she used to love, as she admired their ability to integrate constraint and obedience in all the most tiny reflex they had.
As if the system and all its panel of obligations was the only true law of all times.

Now she was crying. The sea shouted at her. She could design the sea urchin in it, some medusas, the air in the sea like the water in the air...

And Joan's presence just next to her.

"You are lazy and unable to organize. Must be in your genes."

"No. You just don't know how I work. It is different from anything you can comprehend."

"You have no control about anything happening to you. You are not free as you claim to be."

"This time is over, I am fine now."

"Yeah sure, of course you are."

"Watch it", she replied with a nervous glance at him.
He changed his mind immediately and stared at her, not knowing what to think.

"I told you I was fine, stop being a pain in the ass." she added, with the tone she uses to take off all the drama of a situation.

Reassured, he smiled and watched her with affection.
Even if this look was familiar, somehow she wondered if it was a kind of a pride testimony mixed with incredulity. She couldn't be sure. He stepped towards her and disappeared.

Death of bad conscience had finally come.


VIOLENCE


Tout était extraordinaire. Sa première pensée alla vers Sam, dans leur labo, dans son quotidien laborieux.


Face à l océan immense, elle cria "Saaaaaam !!! Il faudrait que tu sois là pour voir ça !"
Une bourrasque de vent lui répondit.
Très drôle, pensa t elle, amusée.
Elle explorait la faune, la flore, des milliers de nouvelles couleurs et vibrations. Reprendre les recherches... Mais je n'ai plus de labo, qu'est-ce que je suis censée faire au juste ?


Elle n'avait plus de labo, mais une magnifique maison en bord de mer. Chaque personne qu'elle rencontrait etait un nouveau rayon de soleil auquel son cœur renfermé se réchauffait en secret. Tout etait simple, magique et beau.
Elle se baladait au soleil et pensait que c'était peut-être la récompense de ses longues recherches.



Lors d'une balade, son regard s'arrêta sur quelque chose de petit et verdoyant par terre. Elle se pencha et vit une petite tête d'oiseau mort.
C'était aussi joli et coloré que c'était petit. Les plumes de la tête, d'un vert intense, un point bleu sombre comme œil et un tout petit bec bien rouge. Et le rouge du sang, sur la démarcation du cou, à peine visible. On aurait pu croire à une tête de jouet. Il ne devait pas être mort depuis longtemps.
Alex se demandait ce qui avait pu trancher une petite tête d'oiseau ainsi et vagabondât dans ses pensées. "Etrange ce petit oiseau mort, c'est si petit et si bien tranché.. Dans ce  paradis, c'est la première chose triste que je vois. C'est peut être l'unique trace de violence ici, parfois, des petits oiseaux meurent... Quelle bizarrerie..."
Avant qu'elle ne puisse aller plus loin, en relevant la tête, ses yeux se fixèrent dans deux points noirs brillants juste en face d'elle. C'était un maori.

Les maoris sont des gens pacifique et proches de la nature. Ceux qu'Alex avait croisés étaient sympathiques, extravertis et avaient souvent des tatouages et accessoires sortant de l'ordinaire.
Celui qu'elle venait de rencontrer n'était pas de ceux-là.
Elle avait entendu parler d'un gang, implanté avec environ 30 branches sur les deux îles. La seule réelle menace de la région, mais elle n'aurait jamais cru en croiser un pour de vrai. Tout cela lui paraissait tellement éloigné... Il était massif, le visage bourru. Alors qu'il s'approchait, Alex se rendit compte qu'elle était encerclée. Ils étaient tatoués sur le visage, avaient les oreilles et narines troués et le même air agressif.
"Mince, c'est ballot.... Je vais mourir ici."
Celui qu'elle avait vu en premier avait le visage entièrement tatoué de motifs bleus et se mit à crier ce qui ressemblait à un chant de guerre.
Puis un trou noir.

Alex avait pris l'habitude d'effacer instantanément de sa mémoire ce qu'elle ne pouvait supporter, c'est à dire beaucoup de choses. C'était un travail de tous les jours et le prix à payer pour être capable d'une concentration efficace.
Maintenant qu'elle avait rouvert les yeux et que son cerveau était fonctionnel, elle était attachée à une chaise en bois, les maori autour d'elle. Il y avait celui au tatouage bleu sur le visage et d'autres... D'autres avec des visages connus. Elle n'y avait pas prêté attention au début, trop hypnotisée par celui qui criait, mais maintenant, elle regardait vraiment. Elle distinguait des traits familiers, familiaux...
What the f... is happening again with me??
Un des personnage vint vers elle. Il avait un gros trou auréolé de métal à l'oreille droite et un pendentif à dents de requin. Alex cru reconnaître les traits de sa mère... 
"Where is the money ??" Cria le personnage.
"What?"
Et tous en cœur, des oncles, des grands-père, en se mettant à danser autour d'elle :
"The money, the money, THE MONEY!!!! WE WANT THE MONEY"
"You won't get shit" souffla Alex dans un crachât.
En réalité, elle était pétrifiée par la peur. Alex avait toujours eu la violence en horreur. 

Elle leva les yeux, et là... Sur des écrans flottants devant elle, toutes les scènes de violence et d'horreur de films défilèrent aléatoirement devant ses yeux.
Avec, en bruit de fond, les cris des... Comment les appeler? De la tribu.

THE MONEY, GIVE THE MONEY...

Ces scènes de violence avaient hanté les nuits d'Alex depuis qu'elle était enfant. Elle passait son temps à attendre que le jour se lève, les yeux grands ouverts, alerte au moindre bruit profondément angoissée, autant paralysée que frigorifiée par l'air qui passait les murs de sa chambre. Sa chambre à coucher avait toujours été mal isolée du bruit et du froid.

Depuis son enfance, la vie avait fait son chemin, et avec elle, avait grandi cet aspect caché, reclus dans les ténèbres de ses angoisses. 
L'espace autour d'elle s'assombrissait, comme en proie aux puissances d'une malédiction et il semblait que n'importe quelle parole ou n'importe quel geste était voué au chaos et à la destruction. Chaque tentative était vaine et, pire, se soldait par la un rire macabre et la souffrance. Une femme et sa fille pourchassées, attrapées et torturées avant d'être dissoutes vivantes. Il ne fait pas bon vivre au pays des démons lorsqu'on est une femme... Et les puissances des ténèbres sont implacables. 
Des enfants à la tête de monstre en ronde et en chansons sataniques... 

Au dessus de la tête d'Alex, un ciel pur criblé d'étoiles sur les larges montages de l'horizon. Sa conscience vacillait, dans les ténèbres, personne ne la secourrait;
Elle était seule.

Etait-ce un test ? Petit à petit, elle se laissait aller, elle aussi, aux chansons sataniques qui commençaient à envahir son esprit. Les prières qu'elles avaient apprises petite voulaient se réciter à l'envers dans sa tête... Fallait-il invoquer le Diable et l'affronter, ou bien résister et se redresser ?

Qu'est-ce qui paraissait le plus simple et le plus évident ? Etait-elle marquée si profondément par le sceau du mal et son poison ?
Est-ce que JE suis ça ? 
Dans ce chaudron de haine s'est consumé tout l'amour du monde, celui de ses parents, la haine qu'ils ont chacun pour eux-même ainsi que réciproquement, ainsi que pour leurs fruits et le monde du vivant, avec leurs amis désespoir, violence et cynisme.

Quelle différence ?
Comment être différent sans se mentir ?

Puis elle se souvint de cette phrase qui l'avait pensée le jour d'avant, alors que le monde célébrait ses fêtes religieuses :
"I am the one who came back from darkness, I am the light stronger than Evil, empowered with redemption."

Sa conscience résista pour commencer, puis laissa cette pensée l'envahir.

Puis, en dépit de cette vive agression, Alex se sentie saisie d'une vague d'émotion, c'était encore un peu nouveau et  ça ressemblait au sentiment qui l'avait submergé face à l'Océan, la compassion.

Elle tourna son regard vers la tribu, les yeux humides, son regard tomba sur celui au trou de métal à l'oreille et au pendentif de dents re requin.
"I... I am sorry, I feel sorry for you." Et elle fondit en larmes.

Petit à petit, elle réussit à délier les cordes qui la serraient

"I'll find something for you.. I'll do my best, I promess." Et elle s'en alla.

Think deep. Dig deep Alex, pensa-t-elle.

She came up with a first idea, experiences in dream. What are dreams if not parallel realities ? Inception came to her mind, Cobb saying : "in my dreams, we are still together."

I will save those people. I will drink raspberry water humanity.

Hans Martinson était un homme extrêmement intelligent et techniquement brillant.

A 45 ans, sa renommée était déjà internationale dans le monde de la biologie moléculaire. Sa découvertes ont ouvert la voie à ce que les scientifiques américains appellent "second code génétique".

Ses séances lui servaient essentiellement à exprimer son désarroi sur les nombreux déboires que lui causait son frère cadet en perpétuelle crise d'adolescence, ainsi que sa solitude. A 45 ans, Marc n'avait approché que rarement le monde féminin et de loin. C'était pourtant un homme charmant et profondément sensible, mais trop absorbé par ses études puis par son travail. De plus, il avait toujours vu les relations "sentimentales" d'un mauvais oeil, trop superficielles et perturbantes à son goût. Et puis il n'avait jamais su trop bien comment approcher le sexe féminin. Son frère, précoce et doué dans ce domaine, s'en chargeait de toutes façons pour deux.
Alors qu'il parlait à son psy, couché sur son divan, Alex fit brutalement irruption dans la salle.

"Je sais, s'écria-t-elle, Cobb se contentait de se répéter l'histoire de ses souvenirs dans ses rêves, c'était ça son erreur ! La solution c'est de réécrire l'histoire !"

Dans son élan, elle avait brandi le désaxer de particules et se tenait au milieu de la salle. Hans et son psy la regardaient, interloqués.


Hans, I need your help. Snap out of your coach and join me. We shall create something.

"What....who are you ? How did you do that ?" balbutia Hans.

Mais elle ne l'écoutait pas. Emportée par son élan, Alex se laissait aller publiquement à tout l'espoir du monde en elle :

"I am the change,
I am the never-ending Spring.
The power of change that will free us from slavery.
Thanks to me, you will be your own material, you shall be protected in your own power.
You shall live happily ever after and, under the sky that we will create together, you will have the best wedding celebration in the world."

"Can you do that ?" les yeux du Professeur s'illuminaient d'espoir.

"I am strong, extremely strong. I am the strongest person you'll ever meet. You can come with me, live the life and save yourself, or you can stay there, in the same infinite routine of this eternal repetition, lying to yourself about things and persons."

Martin, jusque là bouche bée, tenta vainement d'articuler quelque chose. Après quelques secondes, il se contenta de prendre la main qu'Alex lui tendait et fit un signe d'acquiescement de tête.

Elle aurait bien voulu que la suite reprenne en anglais, mais ça devenait trop technique.

Raspberry water humanity.

L’institut Max Planck, qui a braqué un radiotélescope sur le centre de notre Galaxie, a découvert que le signal obtenu (outre les composants classiques que sont ceux de notre univers), montre la présence d’environs 50 molécules organiques différentes.
Le principal objectif de cette équipe était d’observer la formation de molécules organiques dans l’espace, pour appuyer la thèse de la panspermie, qui suppose que la vie sur terre serait d’origine extra-terrestre.
Les trois principales molécules découvertes par cette équipe sont l’aminoacetonitrile (NH2CH2CN) ; le formiate d’éthyle (C2H5OCHO) et le  propyl cyanide (C3H7CN).
Le formiate d’éthyle est la molécule qui a suscité le plus d’intérêt car on la retrouve en grande partie dans les framboises, et est à l’origine de l’odeur du rhum.
Donc, je reprends, expliqua Alex. Il nous suffit d'utiliser un gaz à base de formiate d'éthyle et d'asperger nos souvenirs avec pour en recréer de nouveaux. Imaginez ce que ça pourrait donner à grande échelle !


Les dj'anges.

Dans chaque atome de ce gaz se cacheraient des pensées, minuscules, indécelables, qui élèveraient le corps et l'esprit de tout les êtres qui le respireraient.










jeudi 5 février 2015

Rock'n Karma

                                                                        Antinea.


Son royaume était vaste, sans chimères et plein de joie.
S'y mélangeaient le desert, le vent, l'éclat du ciel et un air si pur qu'on pouvait nettement y imaginer les Anges qui le peuplaient.
Son règne, enclin à la Volupté, la portait naturellement et son peuple, fort et dynamique, la servait avec ardeur.
Douceur et harmonie accompagnaient son quotidien, paisible, avec pour chaque jour, son lot d'enchantements et de plaisirs.

Bien sûr, elle était belle. Un visage aérien, un port de tête altier et son regard, presque glacé, inondait son visage.
Cependant, son expression laissait transparaître (mais peut-être etait ce la marque de son insondable sagesse?) un voile de melancolie, un vague détachement.

Au debut de son règne, la candeur de l'enfance teintée d'émerveillement ne laissait pas voir ce front un peu triste. Puis, les années passant, le même mouvement qui équilibrait les traits de son visage jusqu'à la perfection la rendirent peu à peu insaisissable, indifférente.
Au-dessus de tout, assise dans sa gloire et son triomphe, peu à peu, elle se coupait de ce monde si parfait, d'elle même si parfaite.

Lorsqu'elle passait au milieu de la foule qui l'acclamait, son regard n'en croisait aucun autre. Ses plus proches n'auraient pas pu déceler si elle sentait une quelconque souffrance, une quelconque émotion...
A son 27 ème anniversaire, à l'apogée de sa beauté et de sa puissance, elle restait dans sa chambre, assise devant sa commode d'ébène et son miroir serti de fines pierres opalines.

Elle n'entendait pas le peuple qui grondait à la porte de son absence.

Sans même baisser les yeux, plongés dans les siens, elle prit délicatement le marque page en ivoire aiguisé et tranchant dans le pot de correspondance de la commode...

"Le suicide est un acte traditionnellement condamné par les doctrines religieuses. En effet, si le fait de se suicider est d'abord un acte contre soi-même, dans certaines conceptions religieuses la destinée de l'homme appartient à Dieu et le suicide constitue alors une rupture dans la relation de l'homme avec la souveraineté de son Dieu. Dans d'autres cas, l'acte est plus simplement considéré comme une action négative. Il existe cependant des nuances à ce rejet global du suicide quand la notion de sacrifice ou d'honneur entre en jeu."

Antinea devint Claphandre, une servante de maison anodine. Trop laide pour que quiconque veuille la toucher, pas assez vive d'esprit pour que quiconque l'écoute, elle était dès sa naissance condamnée à vivre sa condition d'inexistence.
Toute sa vie, Claphandre a ramassé des restes et rogné des os. Son nom n'était que rarement prononcé et souvent, l'on se contentait d'assener l'ordre, crie en l'air, sans se soucier de sa personne. Il s'agissait de servir, rien de plus. Toujours voutée, face à terre, elle passait son temps à étudier le sol dans le but d'analyser ce qu'elle pourrait ramasser pour se nourrir, se vêtir ou s'accommoder un endroit chaud. Sa condition la portât naturellement à s'émerveiller d'un rien, à ressentir la chaleur de la paille qui l'éraflait, tout en imaginant que c'eut été le vêtement le plus chaud, ainsi qu'à concentrer ardemment son esprit sur chaque miette de nourriture qu'elle etait amenée à ingérer, quelle qu'elle soit.
Elle mourut seule, dans l'indifférence générale, sans ami ni famille, les animaux comptaient plus pour la maison d'où elle était issue que sa présence insignifiante.

Claphandre devient Camilia, qui porte le Karma d'Antinea et de Claphandre réuinis en elle.
Tantôt infantile et naïve, tantôt brillante et absente, sa vie a été jusqu'à présent une succession d'abus et d'éclats.





Camen

Il y avait les Hommes de Guerre, les Hommes de Pouvoir, le Peuple et les Hommes de Dieu.
Dans un monde hostile et cruel, rares étaient ceux de la dernière catégorie.
Camen était un Homme de Dieu, et non des moindres. Exemple de dévouement et d'humilité pour sa communauté, il disposait des quelques biens que le monde lui donnait pour ses bénédictions et précieux conseils en toute équité, ne gardant pour lui que le strict nécessaire à sa survie.
Sa nourriture était quasiment uniquement spirituelle. D'une force mentale et d'une générosité pure, cela allié à des convictions spirituelles inébranlables quant au Salut de l'Âme, il réussissait à diminuer les besoins de son corps avec le temps. Cela, tout en comprenant profondément les affres de la nature humaine qu'il s'évertuait d'adoucir.

Camen fut la dernière personne à avoir pu parler à Antinea, qui refusait la présence de tous les dernières semaines de sa vie. Il avait pu apaiser un temps son âme, mais malheureusement, d'autres forces bien trop sombres s'étaient emparées d'elle et la dévoraient depuis trop longtemps déjà.

Sa réputation n'était plus à faire, et il pouvait facilement déclencher l'envie des autres pour son exceptionnelle spiritualité. En effet, des factions se forment souvent rapidement contre ce genre de personne hors du commun, mais son détachement était tel et sa force mentale si grande que personne n'aurait pu lui faire le moindre mal. Il parvint rapidement à la direction de la communauté sans s'y évertuer, par sa simple intelligence dévouée au bien-être général.

Camen devint Benjamin, artiste travailleur d'une âme noble et généreuse, doté d'un mental inébranlable. Il attire la sympathie du monde environnant aussi naturellement qu'il respire et n'est que bienveillance, pensant quotidiennement à autrui avant de penser à lui-même.



Le Cardinal de Rostian








mardi 3 février 2015

Condition et spiritualité

L'Homme est différent des animaux par sa capacité à raisonner, penser, essayer de surpasser sa propre condition. Essayer de transcender la mort. Cela n'est pas possible sans une forme de spiritualité, et n'en déplaise aux scientifiques, le raisonnement est en lui-même un concept spirituel.
Comment vivre sa condition d'être humain sans espérer que derrière la condition qu'il nous est amené de subir, il existe autre chose, autre chose dans l'univers, d'autres univers, parallèles à celui-ci ? Comment vivre sa condition d'être humain sans espérer transcender le temps et l'espace ?
La désinvolture des animaux est mêlée de ce qu'on pourrait qualifier de résignation face à leur condition.
Mais nous cherchons à continuer sur la lancée de l'évolution, souvent en se trompant de chemin, mais parfois avec une lueur d'espoir.
Sans cette lueur d'espoir, impossible de pouvoir éprouver le pur désintérêt ou la pure compassion, car l'on ne raisonnerait qu'en fonction de sa condition d'être humain égoïste et centré sur ses pulsions.
Dommage que l'on ait souvent tendance à l'oublier...